Les stations forestières
Identifier les stations forestières permet d’estimer les potentialités de la station et les essences les plus appropriées. C'est une démarche fondamentale pour de nombreux projets forestiers : reboisement, régénération naturelle, martelage...
Depuis les années 1990, les préoccupations environnementales ont grandi et le domaine d’application des guides simplifiés s'est élargi à d’autres questions, en particulier la préservation des sols, des milieux fragiles, et de la biodiversité.
Qu'est-ce qu'une station forestière ?
Quand on parcourt un massif forestier, on observe généralement différents milieux: secs ou humides, plus ou moins riches en éléments nutritifs pour les arbres...
Cette notion de milieu étant assez large, les forestiers lui ont substitué la notion de station forestière, désignant une étendue de terrain homogène sur les plans du climat, du relief, du sol et de la végétation spontanée.
Combinée à une carte des peuplements, la connaissance des stations sur une forêt donnée permet au gestionnaire forestier d’orienter ses choix de gestion, notamment pour "mettre la bonne essence au bon endroit".
L’étude des stations est une démarche "de terrain" :
- en évaluant lors d’un sondage à la tarière la texture d’un sol, sa charge en éléments grossiers, son drainage interne...,
- en reconnaissant dans le sous-bois diverses plantes indicatrices des caractéristiques du milieu,
- en scrutant de près les formes d’humus...
Ces nombreuses données, récoltées sur le terrain, peuvent alimenter de grandes bases de données écologiques, contribuant ensuite à caractériser la variabilité des stations et leurs potentialités sur des massifs forestiers, des régions forestières, ou même la France entière.
La typologie des stations forestières a ainsi pour objectif la mise en évidence et l’étude des types de station, unités conceptuelles élaborées par le regroupement et la synthèse de plusieurs stations observées sur le terrain.
Ces types sont présentés dans un catalogue des stations d’une région forestière donnée.
Les guides des stations : des outils simplifiés
Les guides simplifiés des stations visent à rendre les typologies accessibles à un public plus large tout en développant davantage les conseils de gestion adaptés aux stations.
Les utilisateurs de ces outils sont les gestionnaires forestiers et certains propriétaires ayant des connaissances en écologie forestière.
La reconnaissance des unités stationnelles sur le terrain se fait à travers une fiche de relevés et une clé de détermination spécifiques à chaque guide, et construites sur des critères simples à observer :
- position topographique,
- caractéristiques du sol,
- flore.
À consulter :
La clé de détermination renvoie à une fiche pour chaque station :
- une première partie concerne des informations synthétiques pour confirmer le diagnostic : localisation, végétation typique, caractères essentiels du sol ;
- une seconde partie concerne les potentialités de la station et donne des préconisations sylvicoles et patrimoniales.
Existe-il un guide des stations forestières pour ma forêt ?
De nombreuses régions se sont investies dans la mise à disposition des sylviculteurs de catalogues et de guides des stations forestières.
C’est un travail de Titan, car chaque document représente environ 2 à 3 ans de travail. Il n’est en effet pas facile de mettre la nature en boite, tant elle est diversifiée. Mais pour travailler nos forêts, il est nécessaire de simplifier.
Les principaux documents (guides et catalogues), ainsi que la plupart des études régionales ou nationales de relations entre les stations et la production des essences sont disponibles en libre téléchargement sur le site de l’inventaire forestier de l’IGN.
Il est également possible de contacter le CRPF de sa région, qui diffuse des guides et catalogues en version papier, et met souvent les plus récents en ligne sur son site Internet.
À consulter :
Identifier les stations grâce à la végétation
La méthode principalement employée pour décrire et classer les stations forestières en France est fondée sur la phytoécologie : il s’agit d'identifier les types de stations à partir du caractère indicateur de la végétation qui y pousse.
L'iris faux acore, la laîche des marais, le gaillet des marais, la lysimaque commune, le cassis sauvage, ont des exigences écologiques similaires : ils font partie du groupe écologique dit des "espèces hygrophiles".
Ils sont indicateurs d’une station très engorgée (nappe d'eau à la surface du sol, même en été), où seuls l’aulne glutineux et les saules peuvent former un peuplement forestier.
Chaque typologie des stations précise les groupes écologiques spécifiques de la région étudiée.
Un outil synthétique, l'écogramme
En complément des guides et catalogues, et dans les régions qui en sont dépourvues, on peut se reporter aux groupes écologiques fournis dans les 3 tomes de la Flore forestière française (Rameau et al., 1989, 1993 & 2009. Édition IDF).
On peut analyser les caractéristiques des stations en utilisant le caractère indicateur des plantes, à l’aide des écogrammes de la Flore forestière française. Ceux-ci situent les espèces herbacées et ligneuses selon les 2 facteurs principaux de la variation de la végétation que sont l'alimentation en eau et l'alimentation minérale, hormis le climat.
Connaissant les plantes présentes sur une station, on peut alors déduire ses caractéristiques moyennes.
Ce positionnement d'une station dans l’écogramme permet alors, dans un second temps, de comparer facilement les caractéristiques de cette station avec les exigences des essences forestières.
Cette approche floristique doit toujours être accompagnée d’observations pédologiques (examen de l’humus et sondage à la tarière).
À télécharger :
-
L'écogramme, qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ?
Un court diaporama pour comprendre l'écogramme de la Flore forestière française (au format Flash).
En contexte de changements climatiques
L’implantation d’une essence dépend non seulement de paramètres locaux, mais aussi de données climatiques.
Ainsi, une station de versant sud à sol superficiel sur les plateaux calcaires du Nord-est de la France pourra héberger du hêtre, si elle se situe au nord de cette vaste zone, alors que c’est le chêne pubescent qui se retrouvera naturellement présent au sud de cette sylvoécorégion, dans les mêmes conditions, cela en raison d’un gradient climatique allant du nord-est au sud-est.
Jusqu’à une époque récente, les facteurs stationnels qu’ils soient pédologiques, floristiques, topographiques ou climatiques, étaient considérés comme stables dans le temps, et les catalogues et guides de stations étaient construits sur ce postulat.
Désormais, il n’est plus possible de considérer le climat comme constant à l’échelle de la durée de croissance des essences forestières. Les températures sont en hausse et les précipitations risquent d’évoluer dans un sens défavorable à la végétation forestière en place, avec notamment des épisodes de sécheresse plus fréquents durant la période de croissance des arbres.
- Quand la zone de validité d’un guide présente un climat peu variable (zone de plaine à climat homogène), une indication dans les tableaux de choix des essences est suffisante pour fournir des informations pertinentes sur les risques encourus par les essences.
- En revanche, quand les guides sont réalisés sur des territoires à climat spatialement variable, un zonage climatique est indispensable pour affiner les préconisations sylvicoles dans chaque station.
Sous l’influence des changements climatiques, les bioclimats vont progressivement se modifier. Les essences risquent de voir leur aire de répartition s’étendre (climat plus favorable) ou au contraire régresser (climat moins favorable).